Ainda não começámos a pensar
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 Cinema e pensamento | On cinema and thought                                                                              @ André Dias

Revista de má imprensa


Juventude em marcha de Pedro Costa (2006)

« PS.: O título de "Sonífero" do festival já tem dono. Pertence ao filme português "Juventude em marcha", de Pedro Costa. Ousado como proposta formal, o filme é um verdadeiro calvário no que diz respeito a ritmo. A história de Ventura, um trabalhador cabo-verdiano abandonado pela esposa, é narrada a passos de cágado com a patinha ferida. Mais lento impossível. » (Globo online, Blog do bonequinho)


«
Il y a des limites à tout. Pedro Costa, bardé de prix dans les festivals obscurs (Belfort), mais aussi nommé à Venise ou récompensé à Locarno, fait dans le " cinéma radical ". Un nouveau genre, sans doute, très prisé, mais pour lequel personne ne reste dans la salle. Pour preuve ce En avant jeunesse qui en une demi-heure a vu s’échapper la moitié de son public, déjà clairsemé. Avouons-le, nous n’y avons pas résisté. En une demi-heure : trois plans fixes, en pénombre, alimentés d’un monologue (répété à l’exact pour les deux derniers) dont on ne retient rien.
Avec sa quinzaine de films produits par an, le Portugal compte sans doute sur cet élitisme pour se refaire une santé. Et ce n’est pas le génial Manoel de Oliveira et le très inégal Raoul Ruiz qui vont le faire décoller. Si on ne lui demande pas de produire Superman, on craint toutefois le pire pour sa survie.
M’enfin, le genre a ses adeptes, puisque Pedro Costa est bardé de prix. Il doit bien y avoir quelque chose qui nous échappe. Reste la question de savoir comment peut-on faire passer le propos des déshérités, si j’ai bien compris le projet du film, sous une telle forme ? Ne serait-ce pas plutôt la récupération d’un discours et d’une tragédie par une classe qui en fait ses gorges chaudes ?
Cinéma radical, nous dit on. Qu’est-ce à dire ? Expérimental ? Cannes l’a souvent été, mais ce n’est pas non plus un festival de cinéma expérimental. Car il faut bien le dire, quand après un bon film le matin, une « daube » l’après-midi (
La Californie pour ne pas la nommer) et qu’à 22 h 00 on vous sert un tel galimatias, les bras en tombent. Comme quoi la vie de festivalier n'est pas une sinécure... En avant jeunesse, on y va à reculons. Le film devrait beaucoup plaire à Libé et Télérama.
» (La critique, France 3)

«
O vampiro da verdade
(...) Exercício dramático de resistência - ao negrume da luz, ao som distante, à imobilidade das personagens, à aparente inexistência de acção -, o filme observou na sala um êxodo contínuo de espectadores, talvez o maior dos filmes em competição. Mas aqueles que resistiram bateram palmas. » (José Miguel Gaspar, Jornal de Notícias)

« Aunque la sección oficial está afortunadamente terminando, se han reservado para las postrimerías un título que logra la proeza de superar en cretinez a los variados engendros que nos han ofrecido antes. Es la portuguesa Juventud en marcha, dirigida por Pedro Costa. Está construida con planos fijos que llegan a durar 15 minutos y en los que coloca a un hombre negro y a su farfulleante hija para que cuenten de forma inconexa y surrealista las cosas que les han ocurrido en la vida.
Es imposible saber de qué va este rollo tan marciano. Y además dura dos horas y media. El desfile de espectadores estupefactos y hastiados abandonando la sala durante la proyección ha sido continuo. Yo, entre ellos. Razón por la que ignoro cuántos quedarían al final. Sospecho que el director, el productor, algún amigo y unos cuantos espíritus inconfundiblemente masoquistas. » (El Mundo)

« Enfin Pedro Costa et Juventude em marcha (c’est du portugais, ça signifie : En avant jeunesse !). 2 h 34. Un extrait de dialogue qui vaut bien les blagues de Guy Montagné : "Des fois, j’ai peur de construire des murs, moi avec le pic et le ciment, et toi dans ton silence".
Ca fout un peu la trouille quand même, parce que Pedro Costa serait bien capable de filmer, justement, un mur en construction (c’est un cousin de l’homme qui fait pousser les oranges, voir blog plus haut). Pierre par pierre. Jusqu’à ce qu’il prenne tout l’écran. Oui, en 2 h 34. Avec, de temps en temps, un plan sur la truelle pour les séquences action.
Calme toi Pedro et reprends donc un peu de semoule.
» (Eric Libiot, L'Express)

« Pedro Costa delivers another challenging immersion in Lisbon slum life in "Colossal Youth," a numbing, nearly three-hour fusion of documentary and dramatic essay that will hold the Portuguese director's coterie of fans in rapt attention while proving a colossal bore to everyone else. Far-reaching study of poverty, loneliness and hope amid suffering is weighed down by its soporific structure, deliberately indolent pacing and endlessly attenuated conversations among a clutch of ill-defined personalities, limiting the film's accessibility strictly to festivals and select Euro arthouses. (...)
The rest of the picture is given over to Ventura's peregrinations about the rundown neighborhood (though the uniformly grimy, underlit interiors and lack of establishing shots keep us from getting our bearings) and his vain attempts to establish a unit in a low-cost housing complex for himself and the people he affectionately calls his "children."
Most prominent of these is Vanda Duarte, the recovering drug addict who was the subject of "In Vanda's Room," and whose impenetrably long-winded monologues at least provide a (relatively) lively antidote to all the pregnant pauses and hazy repetitions that characterize Ventura's other relational exchanges.
For the most part, this genial if vacant guide is content to merely share the company of others, neither feeling nor applying pressure to take the conversation in any direction that an outsider might find interesting.
Costa's ascetic shooting style steers clear of unnatural lighting and extraneous camera movement, favoring extremely long takes that will prove a real chore for extremely short attention spans. Digital-video lensing by Costa and Leonardo Simoes looks decently sharp in 35mm transfer. » (Justin Chang, Variety)

« L'experience interdite
"On dirait que je suis en deuil de moi-même"
Mais que vient donc faire ce film en compétition officielle ? On aurait tendance à dire « que vient faire ce film ? » tout court. A fortiori en fin de festival. Un vrai test d'endurance, au-delà de l'insupportable. De séquences ternes, toujours plus soporifiques en plans réitérés (suite de conversations, répétitions) et/ou même décors, même point de vue, même personnages, même ton, même ) - à croire que Pedro Costa aura cloué son trépied au sol - on ne pourra qu’être prématurément tenté de quitter la salle. Séquences après séquences, comprenez ici plans après plans - il doit bien y en avoir une trentaine, quarante maximum sur plus de deux heures et demi de film -) En avant jeunesse est un défilé de radotages. L'incontournable, pour le coup : nos jeunes gens et demoiselles nous paraîtront prématurément bien usés. Que de longs monologues - au mieux des bavardages - copiés-collés ! Tournés, coupés, lentement montées, réchauffés et projetés. Dès les premières séquences, En avant jeunesse ne nous laissera qu'entrevoir 2h34 de supplices. Une épreuve de patience, à côté de laquelle - très objectivement, sans aucune volonté de cynisme - même le film de Dumont nous semblera fresque d'action. C'est dire ! Nombreux auront jeté l'éponge, quittant la salle au fil de cette leçon d'indigestion. Nous les aurons presque enviés, tout en restant dans l'expectative : inconcevable que cette route ne conduise nulle part. Quelque chose doit fatalement venir. Patience... Pour la peine, toute somme faite, on tombera de haut puisque rien ne viendra rattraper l'expérience dégringolade. Vertigineux !
Aucun enjeu, aucune morale, aucune histoire, aucun travail filmique, aucun but, aucun entrain, aucune incarnation des personnages - nous irons même ici jusqu'à abstraction des êtres : questions de langage et réception ? Fatalement, oui. Quoi qu'il en soit, d'une façon générale, au grand écran comme dans toute expérience artistique, si expérimentale ou à contre-courant soit-elle (cet échange est d'ailleurs bien le propre de l'air), quelconque public ne pourra jamais adhérer sans recevoir un minimum. Même la répulsion volontaire du spectateur se doit d'avoir un sens. Pedro Costa se sera ici réfugié dans l'inertie. Contre l'utilitarisme ? Question ouverte. Même la chronique sociale n'y sera pas. Sans parler de ces perpétuels récits d'amours par correspondance.
Un film en tous points phobique.
» (Sabrina, algures num Blog)

« O filme não pode ser visto, tal como ele é, num festival como este. Terá de ser noutras condições.
Para além de outra coisa importante: este é um jogo corrupto - estou a ser demasiado violento - de poderes e influências. O filme custou 500, 600 mil euros. A festa da Sofia Coppola [no lançamento de Marie Antoinette] custou 900 mil euros.
» (Pedro Costa, entrevistado por Vasco Câmara, Público, 27.5.2006)

« Nous avons donc eu un petit peu d'argent d'Arte, puis on a trouvé des coproducteurs, et rassemblé 700 000 euros au total. Pour la première fois, j'ai payé un petit salaire à tout le monde. Le film reste toutefois beaucoup moins cher que la seule fête de Marie-Antoinette à Cannes, qui a coûté, je viens de l'apprendre, 1 million d'euros. » (Pedro Costa, entrevistado por Isabelle Regnier, Le Monde, 28.5.2006)

4 comentários:

Leonor Areal disse...

E que disse a boa imprensa?

Anónimo disse...

Porque é que é má imprensa? Simplesmente por não ter gostado do filme? Parece-me que há aqui qualidades muito diferentes de textos....

André Dias disse...

Tal como o quarto é o da Vanda, também aqui se trata da «revista de má imprensa», e não da que é má.
O que se disse de boa imprensa encontra-se (ou encontrar-se-á) nos Cahiers, Le Monde, Les inrockuptibles, L'humanité (isto se levarmos em conta esta tabela de estrelas). Também o Correio da manhã e o Público dão indicações.
No entanto, a boa imprensa parece-me bem menos interessante (mesmo quando os textos são conseguidos), no sentido de menos sintomática, ou seja, incapaz de nos forçar a pensar nesta espécie de beco sem saída que é o cinema contemporâneo.
Por outro lado, em termos de humor, a má imprensa é imbatível. Sem falar no desplante repetido de afirmarem que sairam da sala a meio do filme. Atenção que são críticos, não espectadores normais.

Anónimo disse...

Portanto, imprensa má para o filme, e não má em si mesma. Entendi.


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