As personagens entre si são os espectadores (Manoel de Oliveira)

«Cahiers. Fala de gestos como expressão de um desejo de possessão, mas há também todo um sistema de olhares, as direcções e os encaixes no interior de um plano, que acompanham isso. M. de Oliveira. Sim, é um bocado complicado. O cinema é um pouco circular. É antigo, omnipresente, etc. Tenho mesmo a impressão... chego mesmo a pensar que, por vezes, basta-se a si próprio. Faz as coisas de uma tal forma que chego a pensar esta coisa bizarra: é o grande ecrã que filma e volta a filmar com as suas personagens entre si. Não têm necessidade de pessoas que assistam. Bastam-se a si próprias. É um pouco absurdo. Chegamos a pensar que a personagem existe por si própria e que é tudo assim. As personagens entre si são os espectadores. Uma delas é a sempre a espectadora da outra. Nós estamos aqui, dizem elas, e não temos necessidade do público. O cinema é um jogo de coisas tais que acabamos por pensar que se basta a si próprio. É uma coisa horrível e é absurda.»

«Cahiers. Vouz parlez de gestes comme expression d’un désir de possession mais il y a aussi tout un système des regards, les directions et les emboîtements à l’interieur d’un plan, qui vont de pair avec ça. M. de Oliveira. Oui, c’est un peu compliqué. Le cinéma, c’est un peu circulaire. Il est ancien, omniprésent, etc. J’ai même l’impression,... il m’arrive même de penser parfois qu’il se suffit à lui-même. Il fait les choses d’une telle façon qu’il m’arrive de penser cette chose bizarre : c’est le grand écran qui tourne et retourne avec ses personnages entre eux. Ils n’ont pas besoin des gens qui assistent. Ils se suffisent à eux-mêmes. C’est un peu absurde. On arrive à penser que le personnage existe par lui-même et que tout est comme ça. Les personnages entre eux, ce sont des spectateurs. L’un d’eux est toujours le spectateur de l’autre. Nous sommes ici disent-ils, et nous n’avons pas besoin du public. Le cinéma est un jeu de choses telles que nous finissons par penser qu’il se suffit à lui-même. C’est une chose affreuse et c’est absurde.» «Entretien avec Manoel de Oliveira  [à propos de Francisca]» par Charles Tesson et Jean-Claude Biette in Cahiers du cinéma 328, Octobre 1981, p. 15.