Não é com guardanapos que se apanham as migalhas. | Ce n’est pas avec des serviettes qu’on ramasse les miettes (Marguerite Duras)

«Perguntaram-me: “Porque escolheste a Moreau?”. E eu disse: “Repara como ela levanta a mesa”. Só uma grande actriz pode levantar uma mesa assim. Bosè está tomada pela infelicidade, já não sabe como se faz. Mas a diferença entre a Bosè e a Jeanne é que a Jeanne sabe, a Jeanne vai sempre saber. É fabuloso o que ela faz no fim. Com as migalhas. [...] Penso que a Lucia Bosè, na sua vida, teve bastantes criadas para tudo, e governantas. Enquanto que a Jeanne, nunca. Ou tarde na vida, talvez. / (Som do filme) / Ela faz coisas inúteis, ali, a Bosè. Olha. Primeiro ela engana-se, não é com guardanapos que se apanham as migalhas. Ela vai para a cozinha apenas com dois copos e uma taça. Ela não sabe o que levar, sai com isso. Jeanne, ela, ela leva todos os pratos juntos.»

«On m’a dit : “Porquoi as-tu pris Moreau?”. Et j’ai dit : “Regardez comment elle dessert la table”. Seule une grande actrice peut desservir un table comme ça. Bosè est en proie au malheur, elle ne sait plus comment on fait. Mais la différence entre Bosè et Jeanne, c’est que Jeanne sait, que Jeanne le saura toujours. C’est fabuleux ce qu’elle fait à la fin. Avec les miettes. [...] Je pense que Lucia Bosè, dans la vie, a eu beaucoup de bonnes à tout faire, et des gouvernantes. Tandis que Jeanne, jamais. Ou tard dans la vie, peut-être. / (Son du film) / Elle fait des choses inutiles, là, Bosè. Regardez. D’abord elle se trompe, ce n’est pas avec des serviettes qu’on ramasse les miettes. Elle s’en va dans la cuisine avec seulement deux verres et une tasse. Elle ne sait pas quoi prendre, elle sort avec ça. Jeanne, elle, elle prend toutes les assiettes ensemble.» Marguerite Duras, in «Nathalie Granger», La couleur des mots. Entretiens avec Dominique Noguez (1984), Benoît Jacob, Paris, 2001, p. 46.